Description
« Les caractères infinis de l’expression »
Étude de la main droite pour mettre rapidement deux doigts sur la même note.
L’étude suivante renferme au même degré les deux sujets de travail qu’offre la musique, l’exécution et l’expression ; cette dernière ne peut s’enseigner que par l’exemple. Soit que la nature ait été plus ou moins prodigue envers l’élève, son sentiment doit être réglé par le goût, car en l’exprimant toujours tel qu’il l’éprouve, il tomberait souvent dans l’exagération. Dans tous les arts, jusqu’à ce que l’expérience ait mûri le talent, on craint toujours ne pas faire voir assez tout ce que l’on sait, et surtout ce que l’on sent. Parmi les caractères infinis de l’expression, l’élève apprendra à en distinguer deux principaux, qui lui serviront de guide pour l’application à faire de son sentiment musical. Dans l’un, l’expression est généralement répandue dans tout le morceau ; on peut dire en quelque sorte qu’elle est suivie comme le thème dont elle fait partie. Dans l’autre, l’expression est variée comme le morceau lui-même, lequel, au lieu d’être conçu avec un sujet unique, est partagé en chants et en traits. Dans le premier caractère, l’expression doit se répandre comme une couleur générale ; et pour que, de cette manière, elle fasse de l’effet, il faut qu’elle soit maîtrisée, sans quoi elle deviendrait fatigante pour les oreilles exercées. Dans le second caractère, elle se portera avec toute sa vivacité sur le chant, ou le passage qui pourra la recevoir, afin de le rendre saillant : ainsi l’on peut dire que l’effet de l’expression gît dans l’unité pour le premier genre de musique, et dans les contrastes pour le second ; l’étude ci-après appartient à la première catégorie. Quant à sa partie mécanique, les notes étant toutes liées par deux, il faut éviter soigneusement de précipiter la première sur la seconde ; mais au contraire, cette première note doit presque produire le même effet que si elle était pointée dans la totalité du morceau : la basse doit être liée et peu saillante. (H. de Montgeroult)
(Edna Stern – 2017)